Retour sur les prédictions 2008 (déjà)

Décidément, l’actualité est très réactive en 2008 et elle me permet déjà de faire un premier retour sur mes prévisions dans mon post précédent et me donne l’opportunité de les développer.

Sur l’internet mobile et les services convergent attendons d’avoir un peu plus de recul. Remarquons seulement que le marketing des opérateurs mobiles met en avant le Messenger sur mobile et l’accès aux sites des « pures players » internet (eBay, YouTube, MySpace, Google, DailyMotion…). La sortie de nouvelles versions des suites d’applications mobiles chez les grands acteurs internet (Live de Microsoft, Yahoo Go! Et Google Mobile) contribuera probablement à renforcer cette polarisation. Il semble loin le temps du « On portal ».

 

Sur la mise à disposition et l’utilisation de services « exposés » sur internet (API : Application Programming Interface) pour construire des applications composites (mashup), je vous renvoie au décompte des API et mashups que tient le site programmableweb qui montre une dynamique déja bien engagée :

clip_image001

La ventilation par catégories (API et Mashups) est aussi des plus intéressantes :

clip_image003clip_image002

 

Les grands acteurs de l’internet ont tous lancé leurs plateformes de services internet et se sont lancé à la course au développement de l’écosystème des développeurs :

– Windows Live Service de Microsoft

– Yahoo ! Developer Network (probablement par référence avec le très établi Microsoft Developer Network qui n’apparait plus que sous son acronyme MSDN)

– Google Code

– Amazon Web Services

Amazon est, à ce jour, le service le plus intéressant car ils ont poussé au plus loin la logique de mise à disposition de l’ensemble des services composant leur business :

  • Amazon Associates Web Service (A2S) : service d’accès au catalogue et aux fonctions de eCommerce d’Amazon
  • Simple Storage Service (S3): service de stockage
  • Simple Queue Service (SQS) : service d’ordonnancement d’exécution de tache à base de message
  • Elastic Compute Cloud (EC2) (beta) : service de calcul
  • Flexible Payment Service (FPS) (beta) : service de paiement multi-scénario
  • Mechanical Turk (beta) : service d’outsourcing de tâche humaine
  • SimpleDB (beta) : service de base de données (execution de requêtes structurées)

 

Encore plus innovant, les plateformes de réseau sociaux ont emboité le pas à commencer par :

– Facebook Platform

– Bebo developers (3e plus grand réseau social aux USA avec 40 M d’utilisateurs)

Ces plateformes sont d’ailleurs les plus dynamiques en terme de création d’applications tierces :

– 13082 applications sur Facebook (à cette date)

– 267 applications sur Bebo (idem)

 

Ces applications sont, pour le moment, essentiellement « récréatives ». Elles permettent de tester de nouveaux types d’interaction et d’usage (« poker », envoyer des messages, poster des notes, intégrer des applications externes, voter, interagir avec son réseau, etc…). Il s’agit d’une phase d’appropriation qui pourra déboucher sur une utilisation plus structurée et plus rationnalisée de son réseau (sans que cela y fasse cesser toute « récréativité »).

 

Si l’on reparle de Facebook, on peut s’accorder à dire :

– Que c’est le bon concept, comme en témoigne son spectaculaire essor et surtout le caractère récurrent de son utilisation. Cela me rappelle le bon mot d’un intervenant au Web 3 : l’adhésion (« Stickiness) ne suffit plus, il faut que le service rendent dépendant (« Addiction »).

– Qu’il présente des manques d’autant plus patents que son « addiction » les met sous les projecteurs à chaque problème rencontré (comme l’affaire du project Beacon cf TechCrunch).

 

Ces manques (et les améliorations correspondantes) sont bien connus :

– Répartir ses amis entre différents groupes ou cercles (personnel, professionnel, collègues directs, associatif,…) pour pouvoir contrôler, limiter, voire supprimer, l’accès aux informations entre chaque groupe. L’article suivant illustre bien ce point.

– Gérer de manière plus fines les informations sur la nature des liens entre les personnes (le « graphe social » introduit par Facebook) et permettre leur réutilisation (par exemple en catégorisant automatiquement des personnes en se basant sur l’origine de la relation avec elles)

– Etendre les possibilités d’édition et d’opération en masse sur la base de ses amis et introduire des fonctions de gestion relationnelle plus avancées (« avoir, par exemple, une vue de ses amis par fréquence ou antériorité de leur rencontre)

– Permettre une gestion plus granulaire des règles de confidentialité et de « permission marketing », allant jusqu’à des règles dynamiques programmables de contrôle des actions sur les données (anticipation d’un système de VRM personnel (Vendor Relationship Management) futur).

 

Facebook est aujourd’hui un pari.

Le pari qu’il est intéressant dès maintenant d’initialiser ses données sociales dans Facebook et de s’initier via des services récréatifs aux usages d’un tel réseau social en pariant que les fonctionnalités de protection et d’extension de ses données seront apportées par Facebook en même temps que des usages plus matures et largement adoptés se mettront en place…dans un futur proche.

Des signes actuels apparaissent positifs dans cette tendance :

– L’écoute et la prise en compte rapide des réactions des utilisateurs (cf l’affaire du projet Beacon)

– La capacité d’ouverture et le pragmatisme dans la mise en oeuvre des évolutions de fonctionnalité (par exemple sur le mail (point d’achoppement de beaucoup de réseaux sociaux dont MySpace et Meetic) et sur l’ouverture des API avec dataportability.org).

– Les évolutions déja anticipées (cf mashable).

 

L’émergence d’applications « Facebook d’entreprise » est illustrée par Clearspace de Jivesoftware.

Sur la « Facebookisation » des outils collaboratifs d’entreprise, différentes expériences « d’hybridation » sont en cours.

Des outils permettent ainsi de capturer et de visualiser son réseau social à partir des données de sa messagerie : Xobni et Clearcontex.

Microsoft développe avec Knowledge Network un outil similaire permettant à partir de la messagerie (Outlook) de structurer et partager son réseau social sur le portail de l’entreprise (Sharepoint) (cf liensvers le produit et blog de l’équipe KN)

 

 

Il faut bien comprendre que l’ensemble des applications collaboratives d’entreprise (messagerie, messagerie instantanée, telephonie sur IP demain, intranet, gestion documentaire, annuaire,…) constitue une source centralisée et privilégiée d’information pour alimenter un « Facebook d’entreprise ». Certaines fonctionnalités, notamment de notification et de flux RSS d’information existent d’ailleurs déjà dans les outils. Cette vision est notamment explorée par un projet interne mené dans les Office Labs de Microsoft.

Yahoo a annoncé recemment Life Mail !, un nouvel outil de messagerie qui gère aussi l’ensemble des informations liées à vos contacts et permet de les réutiliser dans d’autres services ou interactions. Par exemple, pour inviter un couple d’amis au restaurant, vous vous appuyez sur leur localisation géographique et les préférences culinaires qu’ils ont renseignées dans leurs profils (cf article de ZDNet).

Dans un domaine adjacent, je citerai aussi des applications pour intégrer l’ensemble de ses interactions sociales (flux RSS, accès réseaux sociaux,…) dans un outil fédérateur : Xoopit et particls.