Web 2.0 en entreprise avec MOSS 2007

Avant tout : qu’est ce que le Web2.0 ?

Le mieux est de revenir vers la définition fondatrice de O’Reilly (2005)

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Plusieurs aspects du Web2.0 y sont listés :

– Architecture de participation et intelligence collective

  • Le web 2.0 repose sur la participation des utilisateurs dont l’intelligence collective permet de filtrer et de caractériser les contenus et les informations intéressantes (principe des vidéos les plus vues sur YouTube ou DailyMotion).
  • L’architecture de participation repose sur des niveaux d’engagement décroissant avec le nombre de personnes
    • Les plus impliquées publient de l’information (« user generated content ») (1%)
    • D’autres enrichissent l’information (tag (« folskonomie »), rate (évaluation), vote, commentaire, diffusion par viralité (partage)) (10%)
    • Les plus nombreux consomment l’information (90%)
  • Les informations acquièrent de plus en plus de valeur à mesure que les personnes les utilisent. Les utilisateur sont des « co-créateurs » de l’information
  • Exemples d’intégration de la participation des utilisateurs : tag dans Flickr ou del.icio.us, PageRank de Google, système de réputation d’Ebay et recommandation sur Amazon.
  • Outils phare de la participation : blog, wiki, réseaux sociaux

 

– Web as a platform

Comme pour les contenus et informations, les utilisateurs sont amenés à jouer un rôle plus actif dans la « co-création » et la diffusion des applications. Les applications ne sont plus vues comme des logiciels packagés mais des assemblages de services (« mashup applications »). L’exemple le plus cité de telles applications « mashup » est celui de housingmaps.com, qui combine les petites annonces deCraigslistavec Google Maps.

Cette vision est plus difficile à réaliser notamment à l’intérieur de l’entreprise. Des éléments existent avec Google Adsense, les cartographies de Microsoft Virtual Earth ou Google Earth ou les Services Web d’Amazon mais le développement d’application par les utilisateurs finaux par assemblage graphique de composants reste du domaine de l’anticipation. Les illustrations les plus avancées en étant Microsoft Popfly et Yahoo Pipes.

Dans cette perspective, l’adoption des technologies RSS et Web Services est clé pour ouvrir les données et services de la plateforme vers des applications externes.

La notion de Beta perpetuelle est aussi lié à au développement d’application, en constante évolution car avec un couplage limité (Web services, flux RSS) avec leur plateforme de services.

 

– Rich User Experience.

L’expérience utilisateur riche est une composante liée de la vision Web2.0 car :

  • Le rôle accru de l’utilisateur passe aussi par des facultés accrues de manipulation et de représentation de l’information (par exemple avec des représentations cartographiques)
  • L’enrichissement des contenus nécessite des fonctions complémentaires (édition, tagging, partage, communication,…)
  • La multiplicité des modes de consommation promue dans cette vision s’appuie sur différentes technologies adaptées à chacun de ces modes (application traditionnelle « desktop », application web, application mobile, gadget,…)
  • AJAX est souvent cité sur ce thème mais il n’en n’a pas l’exclusivité, les technologies d’application internet riche (RIA) tel que Microsoft Silverlight ou Adobe Flash / AIR ayant une couverture supérieure.

 

– Nouveaux business models

Généralisant le modèle web2.0, O’Reilly le positionne comme un nouveau business model s’appuyant sur les technologies de développement de plateforme légère (« Lightweight Platform ») permettant de développer un plus grand nombre d’applications mises à disposition en self-service au plus grand nombre d’utilisateurs et susceptibles, avec la « long tail », d’être utilisées et rentabilisées.

 

Lorsque l’on relit le texte d’O’Reilly sur le Web2.0 on ne peut qu’être marqué par l’absence de référence aux réseaux sociaux et au plus célébre d’entre eux : Facebook (celui-ci n’a été lancé qu’en février 2004).

Facebook n’a pas encore donné la pleine mesure de ce que l’on peut attendre d’une plateforme sociale mais il a déjà introduit un certains nombres de concepts clés dans le collaboratif en entreprise :

  • Un modèle basé sur le partage des informations (contacts, activités, applications,…)
  • Une logique de centralisation et de promotion de ses contenus et activités
  • Un accès libre et large aux données avec un modèle de contrôle de la confidentialité (encore perfectible)
  • Une large utilisation des Flux RSS pour le suivi des profil et activités
  • Des applications distribuables par viralité, librement installables, basées sur le partage des données sociales

 

Qu’est-ce que cela change par rapport à la vague « 1.0 » du collaboratif ?

Le schéma ci-dessous résume l’évolution des thématiques et outils (merci à Thomas Conté de Microsoft pour sa contribution) :

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L’évolution essentielle réside dans le rôle central donné à l’individu.

Précédemment, l’approche étaient centrée sur les informations, les documents, les mails,… auxquels il fallait accéder et gérer les transactions afférentes. Cette approche se heurtait à la « saturation informationnelle » (information overflow ») que ce soit au niveau du mail ou de la recherche d’information dans les gigantesques bases intranet.

L’approche « web2.0″ privilégie l’accès à l’information via les individus. Il s’agit de suivre les publications de contributeurs clés, de filtrer les contenus les plus regardés, commentés ou taggés ou d’accéder à l’information les liens ou les flux d’activité des personnes appartenant à son réseau.

 

Qu’est-il possible de faire avec les outils collaboratifs actuels (Microsoft Office Sharepoint Server – MOSS 2007) ?

En fait, tout est déjà dans la boite :

  • My Site : page web personnelle permettant :
    • de publier un profil enrichi indexable par le moteur de recherche de l’entreprise (rôle, organisation, liste de collègues,….) avec des possibilités de gestion de plusieurs niveaux de confidentialité des informations
    • De stocker et partager des documents sur internet (et remplacer avantageusement les répertoires partagés à l’accessibilité et à la gestion difficile)
    • De personnaliser l’accès et la visualisation des contenus (notamment des flux RSS) sur sa page (webparts équivalents de « portlets » personnels)
  • Wiki, blog, forum de discussion, liste de tâches projet,…. : templates de site standard
  • Flux RSS : largement répandu permettant de s’abonner à une large palette d’événement : modification de profil de contact, publication de document dans un site ou une section d’un site,…
  • Recherche de personnes par proximité sociale (avec le moteur de recherche de MOSS)
  • Affichage de l’information de présence des collègues listés
  • Nuage de tags, boite de dialogue en chat, insertion de gadgets Vista : fonctionnalités complémentaires avec le Community Kit 2.0 de MOSS

 

Et pour aller encore plus loin :

  • Knowledge Network, un add-in de MOSS pour scanner votre messagerie et générer automatiquement une analyse de votre réseau social et des thèmes clés que vous traitez. Vos données de réseau et de thématique sont éditables, modifiables, avec différents niveaux de confidentialité paramétrables et publiables sur le serveur collaboratif de l’entreprise. Vos collègues peuvent ensuite réaliser des recherches spécifiques d’experts ou de points de contact sur les thématiques saisies. Ce type de scénario est envisageable par exemple dans des communautés qui veulent conserver un contrôle des informations échangées (commerciaux, R&D, contrôleurs financiers, communautés transverses à l’entreprise,….)
  • Excel Services qui permet de publier une feuille excel à destination de plusieurs personnes sur un serveur, de permettre sa manipulation dans un navigateur et gérer sa mise à jour partagée via excel. Tout un ensemble d’applications d’entreprise peuvent être couvertes par ce type de scénario de partage (reporting, tableau de bord, budgétisation, simulation, gestion de ressources,….)
  • Sharepoint Designer qui permet de créer des applications de workflow de manière graphique en s’appuyant sur des composants génériques adaptés au SI de l’entreprise crées par les équipes informatiques.
  • Microsoft Popfly, un outil de création graphique d’applications composites (cité ci-dessus) qui permet de créer des applications en assemblant des « blocs » d’application. En version beta grand public mais des développements sont attendus pour l’entreprise.

 

Que faire dans un projet de Web2.0 d’entreprise, étant donné que les outils sont, pour une grande part, disponibles ?

  • Favoriser la publication individuelle (profil individuel, blog,…)
  • Favoriser les blogs dans les processus de publication (blog de communauté, blog de groupe de travail,….)
  • Introduire des mécanismes participatifs dans les contenus : possibilité de taguer, commenter, évaluer, partager les contenus,…
  • Activer des mécanismes de partage (partage de liens) et de suivi d’activités (consultation de site, modification de profil,….) et leur utilisation
  • Favoriser la diffusion des informations (reporting, modification d’organigramme,…) sous forme de flux RSS
  • De manière plus générale, favoriser la collecte et la mise à disposition des informations d’activité : reporting d’activité, gestion d’équipe, suivi de projet,….
  • Introduire des Wiki pour le travail documentaire partagé (processus qualité, CR de réunion, suivi d’activité,…)
  • Favoriser la création de réseaux sociaux en entreprise
  • S’inspirer des expériences Web2.0 sur internet (Facebook, Slide.com, et pourquoi pas un site de videos ou de photos utilisateurs d’entreprise comme YouTube ou Flickr !!….)

Nous sommes ici dans un domaine émergent, avec parfois des aspects récréatifs, où il est impératif d’expérimenter aujourd’hui pour être prêt demain !!