Banque 2.0

Que donne le croisement de la banque, activité institutionnelle s’il en est, avec la logique communautaire « web 2.0″ ?

D’un coté, la banque est une activité d’intermédiation qui se prête donc bien à une transposition dans un modèle communautaire sur internet (communautaire = les utilisateurs sont en contact direct les uns avec les autres, rien de baba cool) . La transparence de l’information et l’abaissement des coûts de transaction sur internet rendent possible une organisation des échanges directement au sein de la communauté. D’un autre coté, la manipulation de l’argent d’autrui implique des notions de confiance et de sécurité adossées sur des bases reglementaires et prudentielles qui contituent, de fait, des barrières à l’entrée importantes pour la réinvention du modèle.

Des acteurs commencent néanmoins à se développer dans ce domaine et je vous renvoie vers le blogde Jean-Christophe Capelli qui en réalise une excellente présentation. Ce sujet est aussi développé au sein du barcamp bank. Et, toujours avec Jean-Christophe Capelli, nous réalisons une expérimentation des usages de ce que pourrait être du credit de particulier à particulier à la 2.0 au sein de la « tontine des blogueurs« .

J’en tire pour conclusion qu’il existe deux modèles de Banque 2.0 :

– Modèle « Top down » : Le portage du modèle de la banque dans le mode de fonctionnement des communautés.

– Modèle « Bottom up » : L’extension à l’ensemble des communautés d’un modèle d’intermediation monétaire inter-personnel.

Dans le modèle « Top down », on a affaire à une banque constituée (agrément bancaire, capital en millions ou milliards d’euros, obligations réglementaires,…). Ce qui change ce sont les canaux de recrutement des emprunteurs et des prêteurs qui passent par la communauté et la transparence et le contrôle des mécanismes de selection / affectation des fonds. Au final, on recrée une banque mais qui ressemble plus à une place de marché monétaire…et sans banquier.

Dans le modèle « Bottom up », on met à disposition des particuliers des outils afin qu’ils puissent gérer des transations de prêt / emprunt entre eux. Il n’est pas nécessaire dans ce modèle que la transaction financière s’effectue dans le service développé. Elle peut se faire directement entre particuliers ou être déléguée à un service externe de paiement.

Les fonctions qui doivent être fournies sont, notamment, les suivantes :

– Evaluation du profil de risque des emprunteurs (profil, rating, historique,…) ou de leurs projets (idem)

– Cautionnement des emprunteurs (recommandation, réseaux sociaux, réputation numérique,…)

– Mutualisation des risques (« titrisation » du portefeuille des emprunteurs et des projets,…)

– Inscription et traçabilité des transactions monétaires des personnes et projets

– Sécurisation (rappel, recouvrement, contentieux,…)

– etc….

On voit qu’il y a bien tout un ensemble de fonctions à fournir tant pour la gestion des emprunteurs que pour celle des prêteurs  pour « industrialiser » et sécuriser les opérations financières ou  pré et post financières et permettre d’aller au delà des simples prêts entre parents et enfants ou entre amis dans le besoin.

Personnellement, je ne considère pas que ma banque m’offre les meilleures utilisations possibles de mon argent et je serai beaucoup plus enclin à l’investir dans des prêts ou des projets d’amis ou de relations.

Ce modèle aura d’autant plus de force qu’il aura d’extension car plus il y aura de communautés, plus elles seront connectées les unes avec les autres, plus le système sera liquide (au sens monétaire) et plus on peut s’attendre à ce qu’il soit efficace (au sens économique).

Deux points en guise de fin :

–  Les notions de confiance et d’identité au sens large (réputation numérique, profil d’information,…) notamment au sein d’un réseau social sont déterminant dans cette perspective…et actuellement ils ne sont guère développés.

– Si le marché est transparent, les individus n’ont plus besoin d’institution; ils peuvent s’organiser en communauté d’affinité. Mais qu’est-ce qu’une affinité ?