La Banque 2.0, c’est comme la Banque : il y a différents métiers et différents modèles

Quand on parle de l’activité de « banque », on fait référence à de multiples activités aux caractéristiques bien différentes les unes des autres.

On distingue généralement les activités de banque :

  • de détail (distribution – et production- de produits financiers pour les particuliers et les entreprises)
  • d’investissement (montage de financements et opérations de capitaux pour les entreprises)
  • de marché (opérations de titres sur les marchés)
  • Privée et institutions financières (gestion de portefeuilles)
  • Assurance (activité qui entre dans le champs des banques car les banques font de l’assurance et les assurances de la banque maintenant).

Si l’on reprend les activités de banque listées précédemment en se demandant « pourrait-on développer un modèle de cette activité bancaire en s’appuyant sur des relations directes entre les acteurs au sein de communautés ou de place de marché sur internet ? », on peut distinguer deux groupes :

  • La banque de détail et d’investissement où il est possible de concevoir des modèles de « banque 2.0″ et où des acteurs ont commencé à émerger et se développer,
  • Les autres activités de banque (de marché, privée, assurance) où il est plus difficile de concevoir des modèles de « banque 2.0″ et d’identifier des acteurs. Cela peut tenir au fait que des places de marché électroniques existent déjà (banque de marché) ou que la transparence de l’information n’est pas forcement compatible avec le modèle (banque privée).

Dans le domaine de la banque d’investissement, la « banque 2.0″ est représentée par l’activité de financement des entreprises par la communauté (P2P Venture) développée par des entreprises commeFundable ou Y Combinator.

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Dans le domaine de la banque de détail (et activités assimilées), on peut identifier des acteurs déjà installés ou ayant déjà un historique (PayPal, Zopa, Prosper,…) et de nombreuses start-up récemment crées ou en cours de création (Wesabe,…). Mais, dès le premier coup d’œil, on s’aperçoit que l’on n’a pas affaire à des compétiteurs et que le domaine doit être re-segmenté.

Un banquier segmenterait la banque de détail en 5 activités :

  • Compte courant et moyen de paiement (chéquier, carte bancaire, virement,…)
  • Epargne (livret, produits de placement, Sicav)
  • Bourse (tenue de compte et gestion des ordres par opposition aux opérations réalisées par l’activité de banques de marché)
  • Crédit (automobile, logement, consommation)
  • Assurance (automobile, logement, santé) pour les opérations de distribution auprès des particuliers et entreprises.

Cette segmentation est très utile pour les banquiers (elle correspond aux « silos » de chacune de leurs activités) mais elle ne correspond pas, à notre sens, à la manière dont les clients appréhendent l’usage de leurs finances.

Notamment sur ce point, elle ne couvre pas la remarque récurrente faite aux banques « de ne pas parler de l’utilisation de l’argent » (cf billet précédent).

Les grands domaines de la « Banque 2.0″ (de détail) nous semblent plutôt être les suivants en progressant du plus périphérique (le dialogue et l’échange sur l’utilisation de l’argent) au plus cœur de métier bancaire (les transactions de prêt et placement) :

  • Finance personnelle et Recommandation communautaire (Personal Finance & Community Recommandation)
  • Suivi des frais et des prêts (Expenses & loans tracking)
  • Paiement interpersonnel (Interpersonal payment)
  • Prêt de Particulier à Particulier (P2P Lending)
    • Place de marché
    • Communautaire.

Finance personnelle et Recommandation communautaire recouvrent le besoin des clients d’avoir une approche plus active et plus maîtrisée de l’utilisation de leur argent et de pouvoir partager et échanger sur ces éléments dans une dynamique communautaire. Ce « dialogue », que n’apportent pas les banques, peut porter sur des sujets que celles-ci considèrent comme hors de leur champ comme les « bons plans » ou la manière de gérer son budget. Mais, de là à comparer les conditions bancaires de chacun au sein de communautés restreintes ou plus ouvertes, il n’y a qu’un pas. Une idée très simple est de pouvoir « taguer » ses transactions bancaires afin de pouvoir suivre certaines catégories dans le temps ou les comparer avec d’autres utilisateurs.

Ce domaine comprend deux catégories, Finance personnelle et Recommandation communautaire. Ces catégories peuvent être distinctes actuellement (par exemple on peut trouver des outils de finance personnelle du type de Microsoft Money entièrement sur le web à la mode Google Apps mais sans aucune dimension de partage communautaire comme DebitCredit) mais gageons que leur convergence est inscrite dans l’évolution.

Cette catégorie est illustrée par des acteurs comme Wesabe et Mint.

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Un recensement et une catégorisation plus détaillée des acteurs se trouve sur le site du BarCampBank.

Le suivi des frais et des prêts adresse le « marché gris » des échanges financiers hors circuit bancaire traditionnel. Il s’agit soit des micro-échanges / paiements dans les relations inter-individuelles (« je paye le restau, tu paieras le ciné ») soit des prêts réalisés entre amis / relations de confiance. Ce « marché gris » représente à la fois une taille énorme (les échanges entre colocataires aux USA ont, par exemple, été évalués à 100 Md$ par BillMonk et, dans les pays en voie de développement, il est supérieur au marché bancaire) et un fort potentiel d’amélioration (les prêts d’amis à amis ou de parents à enfants sont souvent perçus comme ayant la fâcheuse tendance à se transformer en don du fait de leur absence de suivi et de sécurisation juridique).

Cette catégorie est illustrée par des acteurs comme BillMonk (racheté par Obopay), Buxfer et Circle Lending.

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Le rachat de BillMonk par Obopay illustre la proximité avec la catégorie suivante : le paiement interpersonnel. Aujourd’hui, les banques ne fournissent pas d’outil de paiement pour les situations de paiement inter-personnel, de micro-paiement et de paiement en mobilité. Le premier acteur qui en a ressenti le besoin est eBay, le 1er site d’échange entre particuliers. Cela l’a conduit à racheter PayPal, spécialiste du genre (1,4 Md$ de CA pour 2007). La maturité de cette catégorie est plus ancienne et elle se rapproche plus du terrain connu des banques. Les acteurs y sont donc plus nombreux et plus établis. Citons Obopay (une start-up à 46 M$ de capital de départ), Crandy, en France Movo (Caisse d’Epargne), i-transfert (Société Générale) mais aussi Amazon payments qui vient d’être lancé.

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La catégorie du prêt de particulier à particulier est la plus proche de la banque traditionnelle, à la fois dans son activité de prêt et de placement (puisque dans le cas considéré, il s’agit à la fois d’un outil de placement pour les préteurs et de crédit pour les emprunteurs).

Deux modèles doivent être distingués :

  • La place de marché de prêts qui joue sur la désintermédiation de la banque pour proposer des meilleures conditions aux préteurs et emprunteurs en conservant le modèle d’interaction de la banque traditionnelle : les préteurs et les emprunteurs ne sont pas en relation directe (ce qui l’assimile à une banque « low cost »). Zopa est l’acteur de référence de cette catégorie.

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  • Le modèle fondé sur les enchères et la réputation communautaire pour évaluer et sécuriser les prêts. Dans ce modèle les prêteurs peuvent choisir leurs emprunteurs et les emprunteurs promouvoir leurs profils et s’appuyer sur leur communauté. Les prêteurs peuvent choisir l’affectation de leurs fonds en fonction de leur perception du risque et de leur volonté de contrôle social (par exemple un prêteur peut tirer une satisfaction de la participation à la réalisation du projet sous-jacent au credit. Un bon exemple est celui d’une femme qui voulait emprunter pour se faire refaire les seins et qui a obtenu un financement compétitif – probablement à dominante masculine). Prosper est l’acteur de référence de cette catégorie où de nombreuses start-up évoluent (la encore : plus de détail sur BarCampBank).

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