Je discutais dernièrement avec un ami (qui n’a pas de blog et que je ne peux donc référencer – un ancien collègue de Giao), responsable de projet chez un grand intégrateur français, qui me confiait son constat empirique que « les jeunes travaillent différemment de moi » (en parlant des usages que ceux-ci font des outils informatiques).
Cette observation est une bonne illustration de dichotomie entre « Digital Natives » et « Digital Migrants » introduite par Marc Prensky (cf article) et reprise par le Gartner. Jean-Christophe Capelli aime bien utiliser le néologisme de « Digiborigène » (je lui laisse).
Les « Digital Natives » sont ceux qui sont nés dans la société de l’information et ses outils, ceux qui ont une compréhension intuitive des applications parce qu’ils en ont intégré les logiques sous-jacentes, qui peuvent évoluer dans un monde complètement numérique sans ressentir le besoin de « sortir du virtuel » (developper des photos, se rencontrer en face à face,…) et qui développent des usages souvent plus avancés et plus étendus.
Par opposition les « Digital Migrants », sont ceux « qui ne sont pas nés dedans » et qui sont obligés d’acquérir ces nouveaux codes de la société de l’information.
Quels sont ces usages empiriques marquant la « différence » des Digital Natives, que nous avons identifiés dans notre conversation ?
- L’omniprésence et l’utilisation systématique du moteur de recherche
- Le recours au moteur de recherche est un réflexe dès que l’on se pose une question sur un point. Sa page de garde est frequemment toujours ouverte (les fournisseurs tendent à l’installer par défaut dans le navigateur ou sur les desktop) et sa fréquence de consultation est beaucoup plus élévée (par rapport aux Digital Migrants).
- Le champ des informations recherchées est élargi. Il ne s’agit pas seulement de trouver la page répondant à la question posée mais aussi d’accèder à l’ensemble des ressources d’information et des services liés à ces informations (à l’instar de la vision promue par Google) : chercher une personne, vérifier ou traduire un mot, chercher la documentation d’une fonction ou des exemples de code, accéder à des services, chercher dans sa messagerie,… Les Digital Natives ont plutôt tendance à aller chercher l’information via ce canal unique d’accès plutôt que dans les « silos » dédiés à chaque fonction (annuaire, documentation intégrée aux logiciels, intranet d’entreprise,…) dont l’accessibilité laisse souvent à désirer.
- L’omniprésence et la fréquence d’utilisation de la messagerie instantanée
- Comme le moteur de recherche, la messagerie intantanée (Messenger en grande majorité) est systématiquement active et utilisée frequemment. Elle permet, là encore, de poser des questions ponctuelles de manière plus extensive et systématisée mais aussi de se coordonner plus instantanément que ne le permet le mail et de poursuivre des conversations continues dans un contexte d’interruption et de concommittance avec d’autres activités.
- Le développement des sites sociaux
- L’explosion de l’audience des grands sites sociaux (MySpace, YouTube) s’accompagne du développement plus général des usages « sociaux », à commencer par les sites de partage de photos (Flickr, Spaces avec Messenger), mais aussi les sites qui permettent de partager de l’information ou de se coordonner (par exemple sur des évenements).
- La réalisation en parallèle de plusieurs activités
- Le « multi-tasking » souvent considéré comme une source de non productivité en entreprise semble plutôt être bien tolérée par les Digital Native. Cela ne fait que reprendre les tendances déja observées sur le marché grand public, beaucoup plus anticipateur que les comportements d’entreprise, où la consommation simultanée de plusieurs medias (TV ou radio + internet) se développe.