CA Store, l’appstore bancaire du Crédit Agricole

J’ai été invité le 27 mars à une Table ronde Innovation au Crédit Agricole pour une présentation de CA Store.


J’avais écrit un billet lors du lancement de CAStore et cela avait été une de mes meilleures audiences (il en était de même du billet sur le blog c’estpasmonidée).

CAStore est un magasin d’applications bancaires (un appstore) ouvert à des développeurs tiers et donnant accès aux données et opérations de l’ensemble des clients du Crédit Agricole (environ 20 millions de clients en France dont 6 millions d’internautes actifs).

Il s’agit d’une première mondiale car aucune banque à ma connaissance n’a ouvert d’API réellement en production. C’est l’objectif de l’OpenBankProject, Axa Banque a lancé une initiative en ce sens et (bank) Simple a ouvert une plateforme pour les développeurs mais aucun n’a le niveau ni l’avancement du Crédit Agricole

Le Crédit Agricole a d’ailleurs reçu un des « Best of Show Award » à Finovate 2013, la conférence des innovations financières pour la présentation de sa plateforme.

Le site est sur https://www.creditagricolestore.fr/.

Le principes n’ont pas varié depuis le lancement :

  • Les clients doivent souscrire un pass mensuel à 2 niveau (Découverte 0,79€ pour un maximum de 10 applications et Premium 1,99€ pour un nombre illimité d’applications)
  • Ils peuvent ensuite accéder au catalogue d’applications et télécharger celles  de leur choix sur leur plateforme (iOS, Android, Windows phone et Windows 8) sans coût additionnel (il est interdit à l’application de facturer en sus). Certaines peuvent être aussi gratuites, c’est-à-dire ne pas nécessiter de pass. C’est le cas des applications développées en interne par le Crédit Agricole
  • Ce qui est nouveau, c’est que les clients peuvent aussi proposer des idées d’applications et voter pour les meilleures (Faites « Recherche avancée » et « Type Idées ») qui sont ensuite disponibles pour les développeurs et faire retour sur les applications diffusées dans une démarche de « co-création ».

Quelques exemples d’applications :

  • Geo facto : pour géolocaliser ses dépenses (une fonctionnalité qui apparaît dans les PFM (Personal Finance Management) tel que Bankzai)
  • Mon découvert : pour anticiper son découvert en fin de mois (idem)
  • Ma tirelire : gamification de l’épargne (comme  le formidable « petit compromis » d’ING Canada)
  • Easy note de frais : scan du ticket et vérification en compte
  • Rapprochement entre dépense de santé et remboursements (sécurité sociale, mutuelle). Une fonctionnalité type que j’avais listée dans une présentation précédente sur l’adoption utilisateur du PFM.

Le Crédit Agricole a construit une plateforme d’API qui gère :

  • Une authentification unique auprès des applications de l’accès aux données bancaires de ses clients ainsi qu’à l’ensemble des fonctionnalités offertes par les différents systèmes internes du Crédit Agricole (l’équivalent de Google Connect ou Facebook Connect) avec le niveau de sécurité exigé par la banque. Cette authentification permet de donner accès aux applications sans transmettre son code d’accès bancaire personnel.
  • Un exposition des fonctionnalités (accès aux données et opérations) sous la forme d’API REST.

Cette plateforme s’appuie ensuite sur une couche d’interconnexion aux différents systèmes d’information internes basée sur SOAP qui avait été développées précédemment. Les équipes de CA Store sont en charge de mettre à disposition de nouvelles données ou opérations en fonction des demandes (par exemple les données sociétaires qui n’étaient pas disponibles). La plupart des informations sont accessibles et si les systèmes sources présentent des difficultés d’accès (par exemple pour les produits de placement tel que l’assurance-vie), les données sont souvent présentent dans les systèmes de distribution qui sont eux plus récents.

J’avais participé au lancement de la plateforme d’API d’Orange et cela m’avait permis de mesurer la difficulté tant technique qu’organisationnelle d’une telle initiative (qui d’ailleurs fermera en septembre 2013).  Il semblerait que tant les technologies que les mentalités aient évoluées significativement dans ce domaine en 5 ans. Il faut noter la réactivité de la plateforme avec un mode de développement agile avec une montée de version tous les 3 mois, bien éloigné des projets bancaires traditionnels.

Les développeurs sont désignés comme « digiculteurs ». Ils doivent adhérer en préalable et être agrées par CA Store et respecter les conditions édictées. Cela exclut notamment les comparateurs et met les outils de PFM externes (qui font notamment de l’agrégation) dans une situation aléatoire.

Le principal problème me semble être néanmoins la rémunération des digiculteurs. Le montant des abonnements clients est réparti entre les digiculteurs  au prorata des statistiques d’utilisation des applications. Dans ce modèle, plus les clients utilisent un nombre élevé d’applications, moins les applications touchent de rémunération. De plus, une application à haute valeur (de type diagnostic de situation financière) mais à récurrence faible ne peut pas être rentable. Et cette rémunération ne peut être atteinte en facturant le client  dans un second temps car cela est interdit. Au final, le développement d’application pour CA Store ne peut être une activité autonome rentable. Il s’agit nécessairement de valoriser sur un nouveau canal de distribution un développement existant déjà amorti, d’acquérir de la visibilité auprès des clients ou de satisfaire d’autres objectifs (de grands éditeurs comme IBM et Microsoft se positionnent d’ailleurs comme fournisseurs).

CA Store est très sollicité de différents acteurs, notamment étrangers pour adapter son initiative. Elle envisage de partager sa plateforme avec des acteurs non bancaires (par exemple SNCF qui est dan la même situation). Voire, peut être un jour, de mettre à disposition son système de gestion d’authentification et d’accès de manière déléguée à des tiers (pour utiliser des applications SNCF à partir de son accès bancaire à CA Store par exemple). La délégation de connaissance client (KYC) introduite dans la réglementation trouverait-elle ici une réalisation concrète ?

En complément, quelques éléments sur la démarche d’innovation du Crédit Agricole :

  • C’est une démarche à 4 niveaux :
    • Les chemins innovation : dans les caisses régionales
    • CA Innove : pour la réalisation de proof of concept dans le réseau (exemple : dématérialisation)
    • FIRECA : fonds d’amorçage dédié à l’innovation pour le financement d’innovations internes ou externes nécessitant un projet d’ampleur (CA Store est appuyé par le FIRECA)
    • Technolab : pour la phase de déploiement ou de proximité avec l’opérationnel
  • Afin de favoriser le partage et le retour d’expérience sur les innovations mises en oeuvre dans le groupe, un espace collaboratif dédié, au look « gamifié », est en cours de mise en place : le Village de l’innovation :  http://www.youtube.com/watch?v=dcJ8gOnmqs8&feature=youtu.be)

 

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